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l les origines d’une personnalité


Nul n’ignore que le plat pays est une lande où ciels profonds et lointains font rimer le romantisme des paysages avec les éléments de la nature. C’est assurément en Hollande, où elle vécut ses vingt premières années, que Pauline Liniger puise depuis toujours la force qu’elle insuffle aux pigments pour leur abandonner comme un nouveau souffle de vie sur le papier.
Et des Pays-Bas, elle n’en a pas que l’inspiration. Elle nait à Vlaardingen près de Rotterdam; son père est ébéniste d’art et peintre, amateur de natures mortes et de motifs floraux qu’il insert volontiers dans la facture de ses meubles. Petite fille, Pauline Liniger découvre auprès de lui le travail de la peinture artisanale et celui de la création en général, le voyant œuvrer les « vernis à l’ancienne » et les pigments. C’est ainsi qu’elle entre en 1957 à l’École Nationale des Beaux-Arts de Rotterdam pour s’y former jusqu’en 1959.

Mais les qualités de peintre et de femme ne sont pas compatibles aux yeux de tous et elle décide de quitter la Hollande pour la Suisse où elle fréquente, dès 1960, le Séminaire de Français Moderne de l’Université de Neuchâtel, dont elle obtient le Diplôme en 1963. Elle y découvre les poètes francophones, Verlaine, Baudelaire, Bonnefoy et d’autres, qui l’inspireront plus tard dans son travail pictural. Mais son goût pour la matière et la création est toujours en éveil : en 1964, dans le village de Fontainemelon, Pauline Liniger monte un atelier d’objets et de jouets éducatifs artisanaux conçus, dessinés et réalisés en grande partie par elle-même et qu’elle mettra en vente six ans plus tard à Neuchâtel où elle ouvre une boutique, « Le Quibus ».

Durant un nouveau séjour en Hollande de 1976 à 1977 à Laren, elle découvre l’art de la céramique et la richesse des engobes. Cette formation l’incite à se consacrer à nouveau à la création et à la recherche de sensations artistiques, de matières, de couleurs. De retour à Neuchâtel, elle entame en 1978 le cursus complet de l’Académie Maximilien de Meuron - École Cantonale des Beaux-Arts de Neuchâtel - dont elle est diplômée en 1982 en champ « peinture et histoire de l’art ». Commence alors une carrière de peintre. Dès 1984, elle intègre, comme professeur de peinture et aquarelle, le Lycée Artistique de l’Académie Maximilien de Meuron où elle enseignera pendant plus de vingt ans. En parallèle des cours qu’elle dispense à l’Académie et dans le privé, elle ponctue sa vie de peintre de nombreuses expositions personnelles. Marquant chacune de ses périodes de création par une incessante remise en question, Pauline Liniger parviendra à la maturité et à la précision que l’on observe aujourd’hui dans son œuvre, vouée tout entière à l’aquarelle et aux encres.



l la ronde des couleurs et des animaux


L’œuvre de Pauline Liniger est marquée autant par les rencontres humaines que par ses recherches sur les éléments. Car depuis 1980, quand elle présente pour la première fois son travail à Neuchâtel lors d’une exposition collective, même si les œuvres sur papier se confrontent encore à la force tranquille de ses céramiques, ses créations saisissent déjà le spectateur par cette passion qu’elle exprime pour la complexité des matières. Durant cette période, elle côtoie nombre de peintres neuchâtelois dans le cadre de l’Académie de Meuron : des artistes comme Daniel Aeberli, Carmen Lanz ou encore Raymond L’Epée et Jean-Pierre Devaud. Tout un groupe de créateurs qui échangent sans cesse propos et regards sur l’art et la peinture contemporaine. Elle se lie d’amitié avec Gérald Comtesse, Valentine Mosset et est profondément marquée par la puissance de l’œuvre gravé d’Anne Monnier et du sculpteur Marcel Mathys.

Ces rencontres avec des artistes déjà reconnus et ses premières amours pour l’œuvre de Paul Klee mènent Pauline Liniger à se consacrer bientôt exclusivement à l’aquarelle. Les thèmes principaux de son travail se dégagent clairement lors d’une grande exposition personnelle à la galerie de l’Evole (NE) en 1990. Près d’une centaine d’œuvres laissent découvrir, côte à côte, de grands bouquets de pavots ou tulipes en fleurs et des paysages neuchâtelois où le lac se joue du ciel et des brumes. On y découvre la nature dans toute sa splendeur, entre collines lointaines et nuages mystérieux. Lors de la présentation de l’artiste au vernissage de l’exposition à la Galerie Jolimont de Erlach en 1992, Gérald Comtesse dira d’elle « Cette femme peintre dompte les pigments comme les maîtres chinois, elle donne vie aux montagnes. » C’est là peut-être que réside la puissance, surprenante et tranquille, de son œuvre. 
 
Cette dernière exposition marque un tournant dans son travail. Les natures mortes font peu à peu place aux cailloux, aux racines et aux sujets animaliers. La Galerie du Moulin de la Tourelle à Valangin voit apparaître, lors d’une exposition en 1999, les motifs constructivistes proches de l’art africain. On pourrait croire qu’elle s’inspire librement des tapis Kilim ou de motifs animistes, il en est pourtant autrement ; c’est en effet l’esprit de la terre, les animaux eux-mêmes et les mythes anciens qui la mènent à nous raconter tout cela. Mais ce chemin initiatique, elle le parcourt elle-même, étudiant les mouvements des animaux ou les rythmiques de leurs plumages, afin de comprendre cet univers phylosophique qu’est celui de la nature, pour nous le transmettre dans son langage. Les oiseaux, insectes et autres animaux galopants se découvrent une place à part entière dans les tableaux, où ils se laissent aller parfois jusqu'à se poser sur les textes de poètes tel que Yves Bonnefoy.

Des paysages de lacs embrumés aux collines du Jura, ses recherches particulièrement denses autour de la terre et des animaux la conduisent dans les montagnes valaisannes où elle passe bientôt la moitié de son temps à peindre. Les lumières changeantes des cimes lui inspirent un travail sur la couleur de plus en plus profond auquel s’ajoute enfin une passion pour les textes de Lao-Tseu, Shi-tao ou François Cheng dont elle puise une nouvelle source d’inspiration sur le geste et le temps.



l les songes sombres de la terre


En 2006, deux expositions titrées « Songe de la terre » nous précisent encore cet itinéraire de voyage entre animal et nature. Là, se découvre dans un univers d’ocre et de sienne, de terre d’ombre et bleu de Prusse, un monde dans lequel le temps s’écoule avec douceur. Le lever du jour sur les antilopes et la disparition des crêtes montagneuses sous la pluie nous révèlent les mystères du mariage de l’aquarelle, de l’encre et du lavis. Autant de thèmes figuratifs qui deviennent, sous son pinceau, des raisons abstraites d’évoquer le lien qui unit le vivant au minéral. Et comme aboutissement de ses explorations, l’artiste crée même certaines de ses couleurs, mélange ses pigments, et joue de la gomme arabique pour obtenir l’effet désiré. Elle passe et repasse avec patience sur les transparences des glacis pour obtenir cette richesse que l’on découvre dans chacune des ses créations. L’œuvre tout entière de Pauline Liniger nous emmène alors dans un voyage unique durant lequel la nature révèle toute sa force.